Antigua et l'ascension du volcan Acatenango (Guatemala)
- Juliette Manceau
- 1 févr. 2018
- 3 min de lecture
Et voici notre dernière ascension volcanique au Guatemala. Parce que c'était dur, parce que c'était un peu fou et parce que cette étape a apporté la preuve que la nature est plus forte que nous, l'escalade au sommet de l'Acatenango avec vue sur le Fuego en éruption restera pour nous un moment extraordinaire.
Ancienne capitale du Guatemala, marquée par son architecture colorée et ses ruines causées par les tremblements de terre successifs, Antigua est située en contrebas de quatre volcans : Acatenango, Pacaya, Agua et El Fuego. Ses larges rues pavées, ses bâtiments pittoresques et les sommets vertigineux qui l'encerclent dressent à chaque détour de rue une nouvelle image de cette chaleureuse citadelle.
Nos premiers jours à Antigua se résument à vagabonder au centre de la ville et découvrir les édifices coloniaux, les spécialités culinaires ou simplement l'énergie qui se dégage de la place centrale. Les bâtiments comme le couvent El Merced ou la Cathédrale San José, dépossédés de leurs toitures par les tremblements de terre de 1874 et 1976 en font des lieux exceptionnels à visiter.
Acatatenengo (Antigua) - altitude : 3997 m, dénivelé : 1426 m, durée A/R : 6+3 heures
Depuis notre arrivée à Antigua, grimper le volcan seuls ou accompagnés est une question récurrente. D'un côté le prix élevé, et la grandeur des groupes constitués (en moyenne 15 personnes) nous convainquent de tenter l'aventure sans guide. De l'autre côté, la logistique/équipements nécessaires et la possibilité de se perdre sur le chemin freinent notre détermination. Il faut dire que les échanges avec les agences de voyage et même avec les locaux ne sont pas rassurants : l’ascension comporte un vrai risque en cas de changement de météo et/ou de température à 4 000 mètres d'altitude et 1 an auparavant ce sont six touristes guatémaltèques qui en ont payé de leur vie.
Finalement, nous optons pour réaliser cette escapade seuls. La veille nous préparons soigneusement notre équipement : 8 litres d'eau, tente, duvets, vêtements chauds, sandwich, fruits... ça fait lourd mais il vaut mieux être trop équipés en cas de pépin.
Au pied du sommet, nous acceptons des bâtons de randonnée faits mains loués par les enfants du village. Nous avons bien fait puisque dès le début du parcours, les gravillons formés par d’anciennes couches de lave nous ralentissent et c'est sous un soleil de plomb que commence la journée. Heureusement, une forêt nous protège assez vite des rayons du soleil et nous entrons progressivement dans les nuages qui se forment autour de la montagne. Il nous reste encore plus de 2 heures de dénivelé au moment où nous rencontrons un touriste hollandais séparé de son groupe. Après quelques centaines de mètres, son guide le retrouvera et nous en profitons pour lui demander notre chemin qui paraît de moins en moins évident à cause de l'épaisse couche de brouillard. La fin de journée approche, nous sommes seuls sur la dernière pente raide du volcan puisque les groupes de touristes campent en contrebas du cratère. La fatigue se fait ressentir, on s'approche des 4 000 mètres d'altitude, il fait froid et le vent souffle de plus en plus fort. Même si nous ne sommes pas tout à fait rassurés au abord du sommet, quelques rayons du soleil viennent percer la brume compact et c'est le signe que nous touchons presque au but. Le paysage est lunaire à notre arrivée sur la crête du cratère, aucune végétation, aucune vie seulement des cailloux et de la roche portant la trace des anciennes éruptions du volcan. Nous installons notre trente proche d'un petit refuge (sorte d'igloo) en espérant être à l'abris du vent...
La fin de journée approche. Petit à petit les nuages s'abaissent laissant alors dépasser la cime éruptive du Fuego. Nous sommes seuls pour admirer le coucher de soleil qui s'accompagne du sons des explosions qui ressemblent fortement à un avion qui décolle. Une fois la nuit tombée, les coulées de lave se dessinent et chaque éruption paraît de plus en plus impressionnante. Il fait malheureusement trop froid (même très couverts) pour admirer toute la nuit ce spectacle fascinant.
Difficile de trouver le sommeil : le volcan résonne en moyenne toutes les 15 minutes, le froid nous glace les extrémités du corps, et les rafales de vent sont de plus en plus fortes. Nous prenons donc la décision de démonter notre tente avec précaution - car elle pourrait s'envoler - et nous réfugier dans l'igloo aménagé depuis l'accident tragique de l'an passé.
La nuit a été très courte, car il n'est pas envisageable de louper le levé du soleil. Cette fois, nous ne sommes plus seuls, les quelques groupes de touristes ont eux aussi grimper le sommet très tôt dans la nuit afin d'admirer les éruptions matinales du Fuego.
Même si Juliette a attrapé froid, la descente sera plus facile jusqu'au pied de la montagne et nous savourons notre récompense en repassant les images de ce fabuleux spectacle naturel.




















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